Au sommet de la Pointe du Hoc, promontoire naturel dominant d’une trentaine de mètres une étroite plage de galet, les Allemands ont installé dès 1942 une puissante batterie capable de balayer une grande partie des côtes. En 1944, six canons français de 155mm d’une portée de 8 km sont en place, dirigés depuis un poste de direction de tir construit en 1943. Pas moins de 200 hommes – fantassins et artilleurs – constituent la garnison chargée de défendre ce site fortifié.
Pour les Alliés, la prise de la Pointe du Hoc est primordiale pour la réussite du débarquement sur Omaha et Utah Beach. La position sera bombardée en avril, mai et le 6 juin 1944 à l’aube. Mais par sécurité une force d’assaut venue de la mer est prévue pour escalader la falaise à l’aide de cordes et d’échelles. Le 2e bataillon de Rangers du colonel Rudder qui est rattaché au 116e régiment d’infanterie de la 29e division a été choisi pour cette délicate mission.

L’approche de la pointe
Vers 5h00 du matin, le croiseur HMS Glasgow et le cuirassé USS Texas se positionnent devant la Pointe du Hoc afin de préparer l’assaut des Rangers. Les canons du Texas tirent 255 obus sur les positions allemandes avant de tirer sur Vierville. Vers 5h50, c’est au tour des destroyers USS Saterlee et HMS Talybont d’ouvrir le feu sur la Pointe du Hoc. Enfin à 6h00, les bombardiers de la 9e US Air Force entrent en jeu : ils pilonnent les positions fortifiées allemandes entre Utah et Omaha.
Dans le même temps les 3 compagnies de Rangers ont mis à l’eau à bord de LCA et de DUKWS. En faisant route vers son objectif, Rudder comprend qu’une erreur de navigation est en train de le déporter vers une autre pointe, plus à l’est, la Pointe de la Percée. Il donne alors l’ordre de longer les côtes sous le feu de l’ennemi. C’est avec quarante minutes de retard sur le planning que les Rangers se présentent au pied de la falaise. Privés du renfort du 5e bataillon qui, sans nouvelle, a été dirigé dès 7h00 sur Omaha, les hommes de Rudder se retrouvent alors livrés à eux-mêmes.

La prise de la Pointe du Hoc
Sous les tirs allemands, les Rangers lancent leurs cordes et les échelles de cordes à l’aide de roquettes. Les rangers amènent des échelles extensibles sur place pour compléter les échelles de pompiers. Les 225 hommes s’élancent à 7h10. Dix minutes plus tard, les Rangers des compagnies D, E, F, parviennent au sommet et engagent le combat avec les artilleurs allemands. Quinze minutes plus tard, les Rangers s’emparent de la batterie de la Pointe du Hoc, finalement vide de ses canons : au lendemain des bombardement d’avril 1944, de gros madriers de bois ont remplacé dans leurs encuvements les canons de 155 mm déposés à 1,5 km au sud. Ce sont ces canons que les sergents Lomell et Kuhn découvriront plus tard vers 9h00 en position de tir dans un chemin creux… avant d’être détruits.

La pointe du Hoc est aux mains des Rangers, mais ces derniers sont isolés, encerclés par les 352e et 716e divisions allemandes. Les pertes sont lourdes : 135 Rangers ont été mis hors de combat lors de l’assaut. Le soir du 6 juin, le 116e régiment prévu pour les secourir est encore loin, il campe à Vierville, à 6 km de là. Ce n’est qu’aux alentours de 21h00, que Rudder recevra un premier renfort de 23 Rangers du 5e bataillon de Rangers. Mais ce n’est que le 8 juin que les 90 rescapés de la Pointe du Hoc seront définitivement délivrés.
Qui est Léonard Lommel ?

Léonard Lomell, l’autre héros de la Pointe du Hoc
Le sergent Lomell a 24 ans au moment du Débarquement. Il est chef de section à la compagnie D du 2e bataillon de Rangers de Rudder. Blessé sur la plage il fait partie des premiers Rangers à escalader la falaise. Lorsqu’il découvre l’absence des canons au sommet de la pointe du Hoc, sa mission qui consistait à les détruire perd d’un coup tout son sens. Sa compagnie est alors chargée d’établir un barrage sur la route côtière. Parti en reconnaissance avec le sergent Jack K. Kuhn, il tombe nez à nez avec les cinq canons camouflés dans un verger.
C’est en utilisant des grenades thermites qui font fondre les mécanismes vitaux que deux canons seront neutralisés, tandis que les trois autres verront leurs organes de visée détruits. Léonard Lomell s’illustrera une seconde fois lors de la prise de la cote 400 au cours de la bataille de la forêt de Hürtgen en Allemagne en décembre 1944 et pour laquelle il recevra la Silver Star. Lomell décède en 2011.