Entre Sword et Gold, Juno Beach comprise entre Graye-sur-mer et Saint-Aubin-sur-Mer est réservée à la 3e division d’infanterie canadienne du général Keller. Celle-ci ne sera pas seule lors de l’assaut. Les chars de la 2e brigade blindée et les Britanniques du 48e Royal Marine Commando doivent appuyer les premières vagues. L’objectif des Canadiens est d’établir la jonction avec les Britanniques de Sword et de Gold. Sur le plan militaire l’aérodrome de Carpiquet à l’Ouest de Caen est l’objectif prioritaire.
Avant cela, dès 5h30, le croiseur Belfast pilonne lourdement les défenses allemandes, notamment la batterie de Ver-sur-mer. Les navires et les avions de la RAF bombardent pendant une heure et demie les positions allemandes. C’est avec 10 minutes de retard sur l’heure H et par rapport à Sword et Gold que se déroulera le débarquement des Canadiens. La forte houle conjuguée à la présence de récifs rocheux ne pouvant être franchis que par haute mer a contraint les Alliés à retarder l’heure initiale de l’assaut.


Le major-général Keller

Rodney Keller est né en Angleterre en 1900 mais c’est au Canada où ses parents ont émigré qu’il s’engage dans l’armée après être passé par le collège militaire royal de Kingston. Après l’entrée en guerre de son pays d’adoption, il prend le commandement du Princess Patricia’s Light Infantry en 1941.
En septembre 1942, Keller obtient le grade de major généra puis est nommé à la tête de la 3e division d’infanterie canadienne. Il débarque à la tête de ses 18 000 hommes le 6 juin sur Juno Beach. Il participe ensuite à la bataille de Normandie et notamment à l’offensive visant à libérer Caen, l’opération Windsor contre l’aérodrome de Carpiquet au début du mois de juillet.
Grièvement blessé le 8 août entre Caen et Falaise par un tir américain lors de l’opération Tractable, il doit abandonner son commandement qu’il ne retrouvera pas jusqu’à la fin de la guerre. Il semble avoir été écarté pour ses écarts de langage, son trop fort tempérament, et des excès de consommation d’alcool. Il prend sa retraite en 1946. En 1954, il décède en Normandie lors d’un voyage privé, foudroyé par une crise cardiaque.
Le débarquement des Canadiens
À 7h55, alors que les obstacles de plages sont recouverts par la marée montante, les premiers échelons de la 3e division (7e et 8e brigades d’infanterie) débarquent sur un front de 8km, à Bernières-sur-mer, Courseulles-sur-mer, Graye-sur-mer et Saint-Aubin-sur-mer.
Le North Shore Regiment (8e brigade) se présente avec 20 minutes de retard devant Saint-Aubin-sur-Mer, avec face à lui, le point d’appui WN 27, resté intact en dépit des bombardements. C’est avec le concours des blindés du Fort Garry Horse et des chars spéciaux débarqués à 9h45 que les fantassins parviennent à prendre à revers l’obstacle et à libérer définitivement Saint-Aubin vers 11h30.
Le Regina Rifles Regiment (7e brigade) débarque à 8h00 devant Courseulles avec face à lui, le point d’appui WN 29.
Au même moment, à Graye-sur-mer, le Royal Winnipeg Rifles et le 1er Canadian Scottish – sans les blindés amphibies initialement prévus – se heurtent au WN 31, tandis qu’à Bernières-sur-mer le Queen’s Own Rifles of Canada (8e brigade) monte à l’assaut, lui aussi sans les chars, du point d’appui de la Cassine (Wn 28).

Le débarquement du 48e Royal Marine Commando
À la limite du secteur Sword, le 48e Royal Marine Commando prend pied à Saint-Aubin-sur-Mer. Durant l’approche deux de leurs embarcations ont coulé et 50% des hommes sont arrivés indemnes sur la plage. Cette unité fait partie, avec le 41, 46 et le 47e Royal Marine Commando de la 4e brigade de Service Spécial du brigadier Leicester. À la tête du 48e RMC, le lieutenant-colonel Moulton engage aussitôt ses effectifs vers Langrune et Luc-sur-mer pour établir la jonction avec les commandos du 41e Royal Marine Commando arrivant de Sword.
Sur sa route se dresse le point d’appui WN 26 qui se révèle redoutable. L’assaut lancé avec l’appui de chars Centaur sera brisé par la résistance allemande et l’arrivée dans les environs de Luc-sur-mer d’un détachement de grenadiers de la 21e Panzer en fin de journée. Le 6 juin au soir les commandos auront perdu la moitié de leurs effectifs sans être parvenus à faire la jonction.

Premières libérations
Sur les plages que les troupes du Génie peinent à désengorger, les pertes de l’infanterie sont lourdes. Mais à force d’énergie et avec l’arrivée de la 2e vague d’assaut les lignes sont progressivement enfoncées. À 9h30, Courseulles est partiellement libérée. La résistance du 736e régiment ne faiblissant pas pour autant, la ville ne sera totalement libérée qu’en tout début d’après-midi. Après avoir nettoyé les défenses côtières, le bataillon des Regina Rifles se dirigera ensuite vers Reviers et Fontaine-Henry, libérés dans l’après-midi, puis vers le Fresne-Camilly.


Les Queens’s Own Rifles qui ont reçu les renforts des troupes francophones du régiment de la Chaudière libèrent Bernières à 10h00.
À la mi-journée, tandis que la marée parvenue au plus haut rend la circulation dans la tête de pont particulièrement compliquée, la 9e brigade débarque à son tour à Bernières pour s’élancer aussitôt vers Villons-les-Buissons au nord de Caen. Libéré dans la soirée par les North Nova Scotia Highlanders, Villons marquera la limite de la progression de la 3e division canadienne au soir du 6 juin.
Dans l’après-midi Graye-sur-mer tombe enfin aux mains des Canadiens qui ont réussi à réduire en dépit de lourdes pertes le WN31. Bény-sur-mer et Basly sont libérés au même instant par le régiment de la Chaudière, mais les Allemands restent présents dans la station radar installée à la sortie du village.
De leur côté les soldats du North Shore ont atteint Tailleville où le château abrite le PC du 2e bataillon du 736e régiment d’infanterie allemand. Ils y resteront bloqués jusqu’à l’arrivée des blindés du Fort Garry Horse leur permettant de s’emparer de la position en fin de journée.

Qu’est-ce que le secteur “Nan red” ?
Juno Beach a été séparé en 3 zones : Love, Mike et Nan.
Mike face à Graye sur Mer et a été coupée en deux : green et red. Nan situé face à Bernières l’a été en 3, avec green et white et red. Nan Red est le secteur où on débarqué le North Shore Regiment et le 48e Royal Marine Commando.
Quelle est l’origine du Régiment de la Chaudière ?
Combattant sous cette dénomination depuis 1936, le régiment tire ses origines de la milice canadienne sous régime français dans la seigneurie de Taschereau établie en 1736 aux abords de la rivière Chaudière.