Le secteur américain

La libération de Trévières

Toujours aux mains des Allemands depuis le débarquement des Américains à Omaha, Trévières attend sa libération. Les choses semblent se préciser dès le 9 juin lorsque le 5e corps du général Gerow accélère sa marche vers le sud de la tête de pont. La 2e division d’infanterie qui a débarqué le 7 juin se présente devant le bourg mais butte encore le 9 juin sur les défenses allemandes. Tandis que le 38e régiment travers l’Aure au Nord, le 9e régiment franchit la rivière plus à l’Est. L’attaque simultanée des deux groupes armés se déroule dans la nuit. À l’aube, le village est totalement libéré, tandis que les rescapés de la 352e division allemande se replient sur l’Elle.

Nouveaux renforts américains

Rattachée au 7e corps américain du général Collins, la 9e division d’infanterie du général Eddy débarque à Utah Beach le 10 juin. La première mission qui lui est confiée consiste au « nettoyage » de toutes les positions côtières de l’ennemi jusqu’à Quinéville. La division devra néanmoins attendre le 15 juin, lorsque tous ses régiments seront arrivés en Normandie, pour pouvoir participer à une opération d’envergure. À ses côtés, mais sur Omaha Beach, ont débarqué également ce jour-là, les premiers éléments de la 30e division d’infanterie du général Hobbs. Une fois rassemblée, cette nouvelle division devra s’emparer des hauteurs dominant la Vire et la Taute avant de participer à la bataille de Saint-Lô.

Le général Bradley prend ses quartiers à terre

À la tête de la Première armée américaine qui a débarqué en Normandie, le général Bradley n’a pas quitté le pont du croiseur lourd USS Augusta depuis son départ de Portsmouth la veille du Débarquement. C’est depuis cette position en mer qu’il a assisté à la sanglante bataille sur la plage d’Omaha le 6 juin. Le 10 juin, Suivi de son état-major il quitte enfin sa cabine et décide d’installer son nouveau PC, à terre, à Grandcamp, avant de se rendre à une première réunion avec le maréchal Montgomery et le général Dempsey à Port-en-Bessin, avec à l’ordre du jour la préparation de la prochaine attaque en tenaille sur Caen.

La bataille de la chaussée de Carentan

Dans la bataille pour la prise de Carentan toujours tenue par les parachutistes de von der Heydte, la « bataille de la chaussée de Carentan et du carré de choux » tient une place particulière. En réalité, il s’agit de la progression du 502e régiment de parachutiste vers le nord de Carentan à partir du 10 juin. La mission confiée au 3e bataillon du régiment consiste depuis Saint-Côme-du-Mont à utiliser au mieux la chaussée qui surplombe les marais et de franchir les 4 ponts successifs jusqu’à la ferme de Pommenauque. Le bataillon se met en route peu après minuit dans la nuit du 9 au 10, mais doit stopper sa progression vers 5 h 30 devant les défenses allemandes. L’attaque reprend dans l’après-midi, la Douve est franchie sur un pont de fortune. Pour franchir le 4e et dernier, les parachutistes américains doivent livrer de sérieux combats entre 16 h 00 et 23 h 00. Ces combats se poursuivront jusqu’à l’aube du 11 juin. La bataille de Carentan est belle et bien lancée.

La libération de Picauville

À quelques kilomètres de Pont-L’Abbé, non loin de la zone de saut du 508e régiment de la 82e Airborne, Picauville est solidement tenu par les Allemands quatre jours après le Débarquement. Le château du village abrite même le PC de la 91e division aéroportée, division utilisée en réalité comme une division d’infanterie. Durant trois jours, près de 500 paras américains rassemblés par le lieutenant-colonel Shanley tentent de briser la résistance allemande. En vain. Le 9 juin le renfort de leurs camarades venus du pont de la Fière n’y changera rien. Il faut attendre l’arrivée du 358e régiment de la 90e division d’infanterie américaine – tout juste arrivé la veille en Normandie –  pour que les Allemands évacuent définitivement Picauville le 10 juin 1944.

Le secteur anglo-canadien

À Bény-sur-mer, une piste pour la Royal Canadian Air Force

C’est à la sortie de Bény-sur-mer, que le Régiment de la Chaudière a libéré le 6 juin, que les Alliés ont décidé de construire un aérodrome de campagne. Le lieu choisi se trouve sur la route de Bernières au croisement avec la route de Courseulles. La piste ALG B4  est construite par le 25 Airfield Construction Group à partir du 10 juin. Elle sera terminée 5 jours plus tard alors que la station radar de Basly, très proche est toujours aux mains des Allemands. La piste en terre doit accueillir deux escadrons de la Wing 426 de la Royal Canadian Air Force, le squadron 401, 411 et 412. L’Air Landing Group B 4 sera opérationnel du 18 juin au 7 août 1944.

Les « Rats du Désert » se préparent à l’attaque

Dans le cadre de l’opération Perch (tentative de déborder Caen par l’Ouest et l’Est et  neutraliser la Panzer Lehr entre Caumont et Villers-Bocage) qui doit être déclenchée à partir du 11 juin, la 7e division blindée du major général Erskine prend position devant Tilly-sur-Seulles. La 7e DB est arrivée en Normandie le 7 juin où ses premiers combats ont permis de réduire la résistance allemande à Port-en-Bessin. C’est une unité expérimentée ayant participé à la plupart des opérations menées en Afrique du Nord, avant d’être employée en Sicile et en Italie. Pour la Normandie la division a été rééquipée non pas de chars Sherman (excepté pour les chars Firefly) mais de chars Cromwell. C’est donc avec une grande confiance que le maréchal Montgomery l’a placée aux avant-postes de la ligne d’attaque de l’opération Perch. La suite allait pourtant lui réserver bien des surprises.

L’artillerie allemande se déchaine sur les Commandos

Tandis que la 185e brigade (51e division d’infanterie britannique) se prépare à renforcer la Première brigade spéciale de Lord Lovat à l’est de l’Orne, les Allemands lancent dans ce secteur leur première contre-attaque d’envergure. Celle-ci est menée depuis Bréville en direction de Ranville, position clé des parachutistes britanniques. Les assauts des grenadiers du 857e régiment (346e division d’infanterie du général Diestel arrivée du Havre) et des blindés de la 21e Panzer sont précédés de tirs artillerie d’une violence sans précédent sur les positions des n°4 et n°6 Commandos, dont celles tenues par le Commando Kieffer à Amfreville. Les Français perdent dans la seule matinée 29 hommes supplémentaires dont trois tués. Avec l’arrivée dans la soirée de la 27e brigade blindée britannique, les parachutistes de la 3e brigade du général Hill parviennent enfin à enrayer l’attaque allemande.

Les forces allemandes

Le QG des forces blindées en Normandie anéanti

Le 6 juin 1944 le général Geyr von Schweppenburg, commande les troupes blindées à l’Ouest, soit environ 400 chars pour la Normandie. Depuis le Débarquement, il prend ses ordres non pas auprès du chef du groupe d’armées B, le général Rommel, mais directement auprès du Führer. Le 10 juin est important pour Geyr von Schweppenburg qui a décidé de réunir l’ensemble de son état-major dans son PC installé au château de la Caine près de Thury-Harcourt, au sud de Caen. Il s’agit de préparer la grande contre-attaque décisive, celle qui doit renverser le cours des événements en Normandie. Les officiers allemands sont à peine réunis autour des cartes, qu’une alerte aérienne est donnée. Plusieurs Typhoons du 83e groupe de la Royal Air Force prennent de vitesse les batteries anti-aériennes positionnées autour du PC et en quelques minutes anéantissent le poste de commandement. 18 hommes sont tués sur le coup : son chef d’état-major et 17 autres officiers. Seul survivant de cette attaque ciblée, Geyr von Schweppenburg sera incapable de reprendre son commandement avant la fin du mois. Le Panzer Gruppe West n’existe plus. Toute la chaine de commandement a été interrompue, à tel point que la 7e armée dont dépend Geyr von Schweppenburg n’apprend le raid meurtrier que 12 heures plus tard. Quant à la contre-attaque allemande voulue par Hitler, elle doit être une fois de plus reportée. Tout ce qu’il restera du QG des forces blindées en Normandie sera transféré au PC principal à Meaux en région parisienne.

L’entrée en scène de la 77e division

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Les 8 700 combattants de la 77e division d’infanterie du général Stegmann sont mis en alerte dès le 7 juin dans le secteur de Saint-Malo où ils stationnent. Cette division a été constituée en janvier 1944 à partir d’autres unités allemandes anéanties sur le front de l’Est et elle compte dans ses rangs un bataillon d’Ostruppen La division s’élance aussitôt et après trois jours de marche forcée, parvient sur le front de Normandie. Elle est directement dirigée vers Cherbourg pour renforcer les défenses allemandes.

Les civils dans la guerre

Bombardements sur Montebourg

Important carrefour sur la RN 13, Montebourg est un des objectifs de la 4e division d’infanterie qui doit marcher sur Cherbourg. La ville été bombardée une première fois le 8 juin par l’aviation et la marine américaines. Le 9 juin, le 12e régiment d’infanterie réussit à contourner les défenses d’Azeville pour se porter devant Montebourg. Celle-ci est solidement défendue par les 243e et 709e divisions allemandes. Le 10 juin, les Alliés déclenchent une deuxième vague de bombardements sur la cité, prélude à une nouvelle attaque américaine. Les incendies déclenchés par les bombes au phosphore et les obus de marine poussent de nouveau les habitants à quitter la ville, à gagner leurs abris ou à s’enterrer dans les caves. Montebourg sera de nouveau pilonnée par l’aviation alliée les 12 et 14 juin. À sa libération le 19 juin, la ville sera sinistrée à plus de 90%.

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