Le secteur américain
Les combats de Pommenauque et du carré de choux devant Carentan
À 4 h 00 du matin le 11 juin, les quatre ponts sur la chaussée au nord-ouest de Carentan ont été franchis au prix de lourdes pertes par le 502e régiment parachutiste. L’attaque sur la ferme de Pommenauque peut être lancée. Appuyé par l’artillerie, le colonel Cole et le commandant Stopka conduisent l’assaut à la baïonnette. Mais sur les 250 hommes qui auraient dû les suivre, seulement soixante-dix reçurent les ordres d’attaque. Malgré la confusion, l’ennemi qui a abandonné les lieux et qui s’est retranché à l’Ouest est rapidement mis hors de combat. La nouvelle ligne de défense allemande s’est alors décalée de l’autre côté de la voie ferrée. La situation ne sera sécurisée que dans la soirée lorsqu’une nouvelle compagnie américaine rejoindra un « carré de choux » situé le long de la route nationale.
La libération d’Amfreville
Situé à l’ouest du Merderet, au coeur des zones de largage des régiments de la 82e Airborne, Amfreville est encore aux mains des Allemands, quatre jours après le Débarquement. Le 9 juin, le général Gavin a lancé une offensive sur le village sans succès. Le 10, la 90e division d’infanterie est venue relever les paras dans ce secteur. C’est à elle désormais que revient le soin de libérer la commune. L’assaut est donné en début de soirée. Le 11 au matin, un bataillon du 357e régiment d’infanterie progresse sur 700 m avant de dégager Amfreville. Le village est libéré mais totalement en ruine.
La jonction des têtes de pont américaines
Situé sur la rive gauche de la Vire, le village d’Auville-sur-le-Vey est traversé le 10 juin par la 101e Airborne. Deux régiments d’infanterie aéroportée investissent alors le secteur entre la Douve et la Vire. Le 327e régiment progresse vers Carentan, tandis que le 401e prend la direction de l’Est. C’est dans Auville que se réalise la jonction entre les hommes de la compagnie K du 175e régiment de la 29e division débarquée sur Omaha et les éléments de la 101e Airborne. Les combattants américains viennent d’établir la jonction entre de réaliser la liaison deux plages Utah et Omaha.
Le secteur anglo-canadien
Déclenchement de l’opération Perch
L’opération Perch doit dans un mouvement en tenaille permettre de déborder Caen par l’Ouest et par l’Est et surtout neutraliser la Panzer Lehr entre Caumont et Villers-Bocage. C’est dans le cadre de cette offensive d’envergure, que les « Rats du désert » de la 7e division blindée britannique, précédés par un bombardement naval lancent le 11 juin une attaque frontale sur Tilly-sur-Seulles. Le 6th Durham Regiment parvient à y rentrer avant d’être repoussé par les blindés de la Panzer Lher. Dans le village les Allemands tiennent toujours l’axe important Caen-Balleroy. Devant l’échec britannique, il est alors demandé au patron de la 7e DB de tourner par l’Ouest la Panzer Lehr. Ce qui sera fait dès le lendemain.

Échec devant Bréville
Au lendemain de la terrible contre-attaque allemande partie de Bréville vers Ranville, le 5e Black Watch de la 51e division d’infanterie britannique est chargé d’enfoncer les lignes ennemie devant Bréville, saillant toujours menaçant pour la tête de pont aéroportée. Dès le départ, le 5e Black Watch se heurte à une violente opposition. La compagnie A est entièrement décimée par les tirs des Allemands embusqués sur la route Ranville-Bréville. Concentrant leur manœuvre au sud du village, dans le secteur du château, les Britanniques essuient de très lourdes pertes, près de 500 hommes et officiers, mais parviennent malgré tout à s’accrocher au terrain. Au soir du 11 juin, Mongtomery doit pourtant renoncer à sa manœuvre. Un nouvel assaut sera tenté le lendemain avec le 12e bataillon parachutiste.
Le 46e RMC et le « nettoyage de la vallée de la Mue »
Conformément aux ordres reçus le 10 juin, le 46e Royal Marine Commando a commencé à « nettoyer » la vallée de la Mue jusqu’à Rots. Le 11 au petit matin, les commandos quittent Anguerny appuyé par des blindés du Fort Garry Horse, le génie et de l’artillerie. La mission est d’occuper Cairon, attaquer Rosel et faire route vers Hamel et Rots. Lasson Cairon et Rosel sont « nettoyer » dès 15h00, le Hamel libéré dans la foulée tandis que Rots est pilonné. À Rots, la résistance allemande y est plus dure qu’ailleurs, assurée par le 26e régiment SS de panzergrenadiers. Des combats au corps à corps se déroulent jusque tard dans la soirée au nord-ouest du village où les SS se sont retranchés. Vers 4 H00 du matin le 46e RMC, très éprouvé par les combats et qui a laissé beaucoup d’hommes sur le terrain, est relevé par les Canadiens du régiment de la Chaudière.
Les combats du Mesnil-Patry
Le Mesnil-Patry est l’objectif des Canadiens du Queen’s Own Rifles of Canada (3e division d’infanterie canadienne) et des blindés du 1st Hussars. Pour les Canadiens il est impératif, avant d’engager la bataille, de s’emparer de ce village et de contrôler la hauteur située entre Cheux et Grainville-sur-Odon. Mais à peine engagés dans la plaine à la sortie de Norrey, les blindés canadiens sont pris pour cible par des tirs antichars allemands tandis que les fantassins se heurtent violemment aux combattants de la 12e SS du général Witt. Au bout de trois heures de violent combat, 36 chars canadiens sont détruits, la compagnie d’infanterie du Queen’s Own Rifles enregistre 99 pertes dont 55 tués tandis que le régiment blindé déplore 80 victimes dans ses rangs dont 59 tués. Mal préparée et privée de préparation d’artillerie cette opération d’envergure sur le front canadien se solde donc par un cuisant et couteux échec.
Les forces allemandes
Renforts allemands pour la bataille de Saint-Lô
Depuis le début de l’année 1944, la 275e division d’infanterie du général Schmidt assurait la défense du littoral sud de la Bretagne. Elle est constituée de 12 400 hommes, 16 canons antichars et une centaine de Panzerschreck. À l’annonce de Débarquement, seul un groupe de combat est mis en route par voie ferrée depuis le Morbihan : 4 000 hommes et les éléments les plus mobiles de la division. Le groupe de combat Heinz qui arrive péniblement à Saint-Lô, une semaine plus tard, est immédiatement rattaché à la Götz von Berlichingen. Les 9 500 hommes de la 265e division d’infanterie allemande du général Düvert sont également mis en alerte dès l’annonce du Débarquement. L’unité stationne elle aussi en Bretagne. Un groupe de combat mobile est alors formé, fort de 3 000 hommes, pour être acheminé vers la Normandie. Le groupe de combat prend position sur le front de la Douve, à l’ouest de Saint-Lô, pour prendre part à la bataille qui s’annonce.

Le repli du commandant de la batterie de Crisbecq
Après avoir repoussé les uns après les autres tous les assauts de la 4e division d’infanterie américaine, l’enseigne de vaisseau Walter Ohmsen, qui commande la batterie de Crisbecq-Saint-Marcouf, reçoit l’ordre d’évacuer la position. Au nez et à la barde des Américains, il réussit à sortir au cours de la nuit avec 78 hommes valides, traversant la zone marécageuse. Il abandonne derrière lui, sous la garde de son sergent infirmier, 21 blessés qui seront découverts le lendemain. Au matin du 12 juin, la batterie tombe aux mains du colonel Flint à la tête du 39e régiment de la 9e division.

Von der Heydte évacue Carentan
Privé de munitions, menacé sur son flanc gauche, et ayant essuyé de lourdes pertes, le colonel von der Heydte qui commande le 6e régiment parachutiste donne l’ordre à ses hommes d’évacuer Carentan vers 17 h 00. Le repli se fait dans la nuit, sur des positions reconnues et préparées au sud-ouest de la ville. Les Américains qui ont observé le mouvement lancent sur ses pas le 506e régiment parachutiste. La nasse se refermera sur peu de prisonniers, von der Heydte ayant une fois de plus réussi parfaitement son repli. Cette manœuvre hâtive permettant aux Américains de souder les unes aux autres leurs différentes têtes de pont n’est guère appréciée par le patron de la 17e division SS qui vient de prendre en charge le secteur de Carentan. Von der Heydte est mis aux arrêts, et menacé de cour martiale, à laquelle finalement il échappera. Von der Heydte participera aux derniers combats de la bataille de Normandie, puis plus tard à la bataille de Ardennes où il sera fait prisonnier.

Les civils dans la guerre
Le massacre de Graignes
Au sud de Carentan, Graignes, abrite depuis le 6 juin 1944 près de 150 parachutistes américains de la 82e et de la 101e Airborne, largués dans la nuit par erreur dans ce secteur. Depuis quatre jours ils sont cachés et pris en charge par la population du village. Le 10 juin, une première attaque allemande pour tenter de déloger les soldats américains a été repoussée. Le lendemain matin, alors que la messe est en train d’être célébrée dans l’église de la commune, l’assaut contre le village est donné par des éléments de la 17e division SS, appuyés par un important renfort d’artillerie. Le village est cerné. Certains Américains réussissent à prendre la fuite en s’échappant à travers les marais en direction de Carentan, d’autres sont pris au piège et contraints à la reddition après avoir livré une résistance acharnée toute la journée. Plus de 100 parachutistes sont mis hors de combat. Dans la soirée, après le repli américain, les Allemands se livrent à une série de massacres envers leurs prisonniers : 7 parachutistes blessés appartenant au 507e régiment sont exécutés. En représailles à l’aide apportée aux Alliés, les Allemands fusilleront le lendemain quatre habitants dont le curé de la paroisse.
