Dans le secteur américain
La libération de Pont-l’Abbé
Objectif du 508e régiment de la 82e Airborne, Pont-l’Abbé n’a pas pu être libéré le 6 juin par des parachutistes trop éparpillés et concentrés à couvrir le flanc sud de la fragile tête de pont aéroportée à l’ouest du Merderet. Après un bombardement aérien à 17 h 00 et un tir d’artillerie nourri à 19 h 30, le 359e régiment d’infanterie de la 90e division américaine pénètre dans Pont-l’Abbé dans la nuit du 12 au 13 juin, le village est détruit à 85%, résultat des violents combats terrestres, des bombardements américains – qui à coup de bombes incendiaires ont rasé certains quartiers dont le quartier de l’hôpital psychiatrique – et des tirs d’artillerie. À la tête de la division, le général MacKelvie, dont les résultats ont jusqu’à présent été jugés peu convaincants, est limogé par le général Bradley et remplacé par le général Landrum.


Une tête de pont continue, mais fragile
En évacuant Carentan le 11 juin, les Allemands ont permis aux Américains d’établir leur jonction dans la ville. Le 12 juin, dès 8 h 00, le 506e régiment de parachutistes de la 101e division aéroportée entre dans Carentan durement éprouvée par les bombardements de la nuit, mais enfin libérée. Avec ce succès, les Alliés disposent dès lors d’une tête de pont continue s’étendant sur une centaine de kilomètres de côtes, de Quinéville jusqu’ à l’embouchure de l’Orne, sur une profondeur de 10 à 30 Km. Ce front continu reste cependant très fragile et à la merci d’une contre-attaque allemande. En ayant réussi à se positionner au sud de la ville, von der Heydte se prépare en effet déjà à réagir. Pour cela, il pourra compter sur le renfort de la 17e division SS récemment arrivée de Poitiers.
Dans le secteur anglo-canadien
Le SS Michael Wittmann entre en scène à Villers-Bocage
Ne pouvant conquérir Tilly-sur-Seulles, 2 jours après avoir débarqué sur Gold Beach, les Britanniques décident de contourner la résistance de la Panzer Lehr en passant par Villers-Bocage. La mission est confiée à la 7e division blindée, les célèbres « Rats du désert » qui se sont illustrés face à Rommel en Afrique du Nord.
Le 13 juin, dès 8h30 du matin, lancée en avant garde, la 22e brigade blindée britannique pénètre dans les rues de Villers-Bocage, abandonnée la veille par les Allemands. Tandis qu’une partie de la brigade est laissée à l’arrêt à la sortie de la ville, une reconnaissance est portée sur la cote 213 en direction de Caen. Elle se heurte aussitôt aux chars Tigre du 101e bataillon de chars lourds SS du lieutenant Michael Wittmann – l’homme aux 119 chars détruits sur le front de l’Est – arrivés la veille sur le front normand. Les blindés de Wittmann ont attendu le dernier moment pour se découvrir. La surprise est totale, les dégâts sont considérables, les chars allemands remontant progressivement la colonne britannique qui tente un repli désespéré dans les rues de Villers-Bocage et sur plus de 10 km. Dans le bourg, les combats sont d’une rare violence. La brigade britannique laisse sur le terrain 25 chars et 28 véhicules légers, avant d’abandonner Villers-Bocage pour se replier sur la cote 174. Quant à Wittmann, même s’il a perdu son char, et avec seulement 13 blindés, il vient de stopper l’avance de toute une division et un début d’encerclement des positions allemandes à l’ouest de Caen.

Renforts britanniques
Placé sous le commandement du Brigadier Scott, la 33e brigade blindée britannique qui a été formée en 1941 débarque en Normandie, à Gold Beach. Avant de monter au front, la division est placée en réserve pour une période d’entraînement d’une quinzaine de jours. Ses chars Sherman, pour leur baptême du feu seront engagés au début du mois de juillet dans le cadre de la bataille de Caen. La 11e division blindée britannique, formée en son temps par le major général Hobart, débarque dans le même temps entre Bernières et Courseulles-sur-Mer. Confiée au général Roberts, elle est placée elle aussi dans un premier temps en réserve, avant d’être engagée le 27 juin dans l’étroite tête de pont tenue par la 15e division écossaise et dans les combats pour la cote 112.
Les forces allemandes
Contre-attaque sur Carentan
Reportée à plusieurs reprises, la contre-attaque de la 17e Panzer SS sur Carentan tout juste libérée est finalement déclenchée le 13 juin, à 5 h 30 du matin. Menée par le 37e régiment SS de panzer grenadiers, qui parvient le log de la route de Périers à progresser jusqu’à une centaine de mètres de la ville, l’offensive est contenue en fin de matinée par les parachutistes de la 101e Airborne dépourvus d’armes mais particulièrement bien épaulés par l’intervention combinée des chasseurs-bombardiers et un détachement de chars – Combat Command B – de la 2e division blindée venu d’Omaha, et dont c’est le baptême du feu en Normandie. Les Allemands perdent plus de 500 hommes dans cette bataille.
L’odyssée de la 275e division d’infanterie
Mise en alerte dès l’annonce du débarquement, la 275e division d’infanterie cantonnée dans le sud du Morbihan, avait laissé partir par la voie ferrée, en élément précurseur, un premier détachement, le Kampfgruppe Heinz. Celui-ci était arrivé péniblement à Saint-Lô cinq jours plus tard le 11 juin. Le reste de la division mettra deux jours de plus pour atteindre le Cotentin. Rassembler les hommes dispersés entre Vannes et Saint-Nazaire avait pris du temps. Les sabotages et les attaques aériennes freinèrent considérablement les opérations d’acheminement du matériel roulant. Les neuf trains qui transportent la division se retrouvent bloqués à Rennes, Pontorson ou Redon, arrêts provoqués par la destruction des voies ferrées par les bombardements aériens. Deux jours après son départ la division est toujours immobilisée en Bretagne.
Le 9 juin une dernière tentative doit permettre le contournement par Vitré et Fougère, mais là aussi la voie est coupée. Les trains sont alors déchargés, la fin du voyage se fera par la route avec des moyens de fortune, souvent à la marche. L’ensemble de la 275e division sera réuni le 13 juin.
Les civils dans la guerre
La fin du maquis de Lignières
Le maquis de Lignières-la-Doucelle, établi au sud de Gacé à la frontière de la Mayenne et de l’Orne est un des rares maquis de Normandie, terre peu propice par sa géographie au développement d’une résistance armée. Le 13 juin le maquis est attaqué par les Allemands en guise de représailles à l’attaque d’un convoi allemand. Au cours des combats, Daniel Desmeulles, chef départemental de l’Armée secrète est fait prisonnier sans que son identité soit reconnue. L’assaut contre le maquis oppose une quarantaine de maquisards contre des Allemands cinq fois plus nombreux. À la nuit tombée, les résistants décrochent laissant sur le terrain 5 tués et 7 blessés qui seront achevés par les Allemands.
L’évacuation des carrières de Fleury-sur-Orne
Situées sur la commune de Fleury-sur-Orne, à flanc de coteaux ou enterrées, des carrières abritent depuis le 6 juin des centaines de réfugiés Caennais ayant fui les bombardements sur la capitale bas-normande. Quelques jours plus tard, leur nombre s’est accru. Ce sont désormais des milliers de civils qu’il faut soigner, protéger, nourrir non loin des lignes allemandes. À Caen, le 13 juin, le préfet Cacaud, resté fidèle au régime de Vichy, ordonne à la demande des autorités allemandes l’évacuation des réfugiés des carrières de Fleury-sur-Orne vers la commune de Trun dans l’Orne. L’ordre sera peu suivi. Plus de 6 000 réfugiés vivront terrés dans ces carrières jusqu’à l’ordre d’évacuation des Allemands et la libération définitive du village par les soldats Canadiens le 19 juillet 1944.

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