Les civils au cœur de la guerre

Nouveaux bombardements sur les villes normandes

Ratés une première fois lors des bombardements du 6 juin, certains objectifs des Alliés sont à nouveau les cibles de la Royal Air Force. Vire, Condé-sur-Noireau, Lisieux, Argentan, Saint-Lô et Coutances sont sous les bombes.

Vers 1 h 00, un nouveau raid s’abat sur Condé-sur-Noireau, tuant 200 civils dont le maire de la ville. Condé est détruite à plus de 70%. Trente minutes plus tard c’est au tour de Lisieux d’être pilonnée. Le cœur de la cité est entièrement rasé, seule la basilique Sainte-Thérèse est miraculeusement épargnée. Elle allait servir d’abri à des milliers de sans-abri. Plus de 700 Lexoviens sont tués ce jour-là.

Entre 2 h 30 et 3 h 00, un nouveau raid aérien prend pour cible Caen : les quartiers de la Charité, la Miséricorde, la caserne des pompiers sont sévèrement touchés. Le Lycée Malherbe reçoit 7 000 réfugiés, l’abbatiale Saint-Etienne 1 500 autres, tandis que le Bon-Sauveur transformé en centre d’accueil reçoit 2 000 caennais et 1 500 blessés. Les ponts sur l’Orne sont détruits par ces nouveaux bombardements. 200 nouvelles victimes sont relevées dans les ruines de la ville. À Coutances, 312 civils sont tués sous les bombes, 352 autres périssent à Saint-Lô.

À l’aube du 7 juin le bilan humain est lourd du côté des civils : près de 3 000 morts, soit autant que le nombre des combattants alliés tombés sur les plages le 6 juin. Dans l’après-midi, de nouveaux bombardements sont effectués par les forteresses volantes alliées au-dessus de Flers, Condé-sur-Noireau, Lisieux, Argentan, Falaise, Avranches, l’Aigle, Valognes, mais aussi dans les périmètres d’Alençon, Fougères, Mayenne, Rennes, ceci afin d’empêcher tout renforts allemands depuis ces régions.

L’îlot sanitaire du lycée Malherbe à Caen

Dès les premiers bombardements du 6 juin, les réfugiés caennais investissent les différents centres d’accueil organisés depuis des mois par les services de la Défense Passive. La grande majorité rejoint l’hôpital du bon Sauveur et le centre d’accueil n°4 aménagé dans les locaux du lycée Malherbe – installé dans les anciens bâtiments conventuels de l’Abbaye-aux-Hommes – ainsi que l’abbatiale Saint-Etienne qui lui est accolée. À tous les étages du Lycée, des caves aux greniers, dans le cloître, dans la nef, dans les travées et les absides de Saint-Etienne, partout des milliers de Caennais trouvent refuge. Dès le 7 juin, le réfectoire du lycée est transformé en hôpital complémentaire, une partie des services municipaux est transférée dans les salles de classe du lycée, une nurserie et une biberonerie sont mises en fonction, enfin un service réglementé de ravitaillement assure deux fois par jour des repas chauds à tous les réfugiés. Il fonctionnera jusqu’au 15 juillet. Dès le 7 juin, jour après jour, le lycée Malherbe devient une véritable fourmilière, une ville dans la ville, abritant la moitié des 20 000 Caennais ayant décidé de ne pas abandonner leur cité malgré les douleurs et les drames.

Les secteurs américains – Omaha Beach

L’extension de la tête de pont

Dès 3h00 du matin, des bombardements intensifs du Baldwin balaient la côte à Formigny, Trévières et Etreham. Dans la journée la route nationale 13 est bombardée par le Texas, l’Arkansas, le Glasgow, le Georges Leygues et le Montcalm. L’objectif est de faire reculer les lignes de résistance allemande empêchant l’extension de la tête de pont.

Tandis que Saint-Pierre-du-Mont est atteint peu avant 11h0, avant qu’une attaque allemande oblige le groupe à faire demi-tour, bloqué pour la nuit, Saint-Laurent-sur-mer est « nettoyé » vers 9h00 par le 3e bataillon du 115e régiment, aidé au large par les tirs du Priest. Formigny de son côté est attaqué dans la soirée par le 26e régiment de la 1re division d’infanterie américaine. Des patrouilles envoyées le long de la RN 13 rapportent que les Allemands tiennent fermement la position de Tour-en-Bessin.

La libération de Colleville et Vierville

Le village de Colleville-sur-mer a été atteint la veille par les hommes du 16e régiment d’infanterie. Opposés à la vive résistance des combattants de la 352e division allemande, les GI’s  n’ont pu libérer le village. Vers 10h00 Colleville-sur-mer tombe enfin aux mains des soldats de la 1re division d’infanterie et d’une force blindée tandis que la commune de Huppain est atteinte dans la soirée.

Vierville a été libéré le 6 juin dès 11h00 par les soldats du 116e régiment d’infanterie. Mais les Allemands sont loin d’avoir capitulé. Ils contre-attaquent en effet le 7 juin vers 5h30. À midi, après avoir changé plusieurs fois de main, le village de Vierville est enfin libéré par les troupes américaines.

Le sort des Rangers

Initialement confiée à la Force B  – en réalité la seule Compagnie C du 2e bataillon – la prise des canons de la pointe de la Percée n’a pu être menée à bien le 6 juin à l’aube. Les survivants de la compagnie C débarqués sur Omaha Beach à Dog Green s’emparent dans la matinée des canons de la Pointe de la Percée. Il s’agit de deux canons de campagne de 76 mm de marque Skoda qui pouvaient tirer de flanc sur toute la plage.

Toujours isolés et à court de munitions à la Pointe du Hoc, les hommes du colonel Rudder réclament des renforts. Le 6 juin dans l’après-midi ses appels ont été entendus : une trentaine de soldats, les survivants de la compagnie A du 5e bataillon de Rangers débarqués sur Omaha Beach sont arrivés depuis la mer avec des munitions. Au matin du  7 juin, après une nuit de combats, seuls 90 hommes sont encore en état de combattre Une force de secours de 500 hommes du 1er bataillon du 116e régiment d’infanterie (29e division d’infanterie) et du 5e Rangers, se met alors en route dans la matinée en direction de la Pointe du Hoc. Elle atteindra la Pointe du Hoc le lendemain vers midi après avoir contraint les Allemands à se replier en direction de Grandcamp pour délivrer enfin les 90 rescapés.

Le port artificiel de Saint-Laurent-sur-mer

Innovation majeure et coup de génie des Britanniques réalisés dans le cadre d’Overlord, deux ports artificiels sont mis en place au large des côtes de Normandie dès le lendemain du Débarquement. Devant les plages de Saint-Laurent-sur-mer, les premières structures du port artificiel, le Mulberry A, sont installées dans la matinée. Elles sont constituées principalement par des caissons Phoenix, des caissons en béton de 1500 à 7000 tonnes destinés à former un solide barrage devant protéger le port de la houle. À l’abri de cette digue artificielle complétée par de vieux bâtiments coulés, seront mise en place dans un délai ne devant pas excéder trois semaines, des jetées et des quais flottants permettant l’acheminement des hommes et du matériel jusque sur le rivage. Un second port artificiel, le Mulberry B, est mis en place de la même manière devant Arromanches-les-Bains.

Premier terrain d’aviation au-dessus d’Omaha Beach

Afin d’assurer une couverture aérienne constante de l’opération Overlord au lendemain du 6 juin, les Alliés ont prévu de construire des terrains d’aviation en Normandie. Le premier aérodrome est américain. Il est aménagé sur les hauteurs d’Omaha Beach, sur le plateau de Saint-Laurent-sur-mer par le 834e bataillon de construction du génie de l’air. Les premiers éléments de la piste d’atterrissage d’urgence sont mis en place dès le 7 juin. Si le terrain d’aviation A 21 est opérationnel à 18h00, il faut attendre le 10 juin pour que la piste donne son plein rendement jusqu’à sa fermeture le 25 août 1944. Deux autres pistes d’atterrissage d’urgence sont installées dans le même temps à Asnelles (aérodrome britannique B1) et à Brucheville (aérodrome américain A-16). Au total 81 aérodromes seront construits en Normandie, tant en en secteur américain – sous le commandement de la 9e US Air Force – qu’en secteur anglo-canadien, sous le commandement de la 2e Tactical Air Force.

Nouveaux renforts sur Omaha

Selon les plannings établis par les stratèges alliés, les renforts en hommes ne cessent d’arriver sur Omaha. Dans l’après-midi, les premiers éléments de la 2e division d’infanterie du général Robertson (la division Indian Head) constitués par le 9e régiment d’infanterie foulent le sable d’Omaha. Ils doivent participer sans attendre à l’élargissement de la tête de pont en nettoyant les dernières poches de résistance allemandes aux abords des plages. Derrière eux arrivent ensuite les tout premiers éléments de la 2e division blindée américaine du major général Brooks qui comporte près de 15 000 hommes, et 400 chars dont  la moitié de chars moyens Sherman. La division « Hell on Wheels » (l’enfer sur roues) est ainsi la première division blindée américaine à débarquer sur le continent.

Utah Beach 

Nettoyer les poches de résistance allemandes

La jonction des parachutistes avec les forces débarquées sur Utah est établie à Sainte-Mère-Eglise lorsque le 505e régiment parachutiste de la 82e Airborne rencontre le 8e régiment d’infanterie de la 4e division d’infanterie. Vers 15h00, le général Collins, patron du 7e corps américain, entre dans Sainte-Mère-Eglise. Il y rencontre dans son PC établi à l’ouest de la ville, le général Ridgway. Les parachutistes sont de tous les combats pour élargir la mince tête de pont formée la veille. Dans la soirée, un front continu de Neuville-au-Plain à Chef-du-Pont, en passant par le pont de la Fière, est tenu par la 82e Airborne, renforcée entre temps par des éléments du 325e régiment de planeurs et des éléments du 8e régiment d’infanterie.

De son côté, la 101Airborne poursuit ses attaques sur Saint-Côme-du-Mont et Houesville sans pouvoir conquérir les villages âprement défendus par les parachutistes allemands. Turqueville en revanche tombe aux mains du 8e régiment après que les Géorgiens du 795e bataillon, encerclés, se soient rendus. Le village devient pendant quelques temps le PC de la 90e division d’infanterie américaine récemment débarquée.

Pour s’ouvrir la route de Cherbourg les Américains doivent désormais s’emparer au nord de Sainte-Mère-Eglise des batteries allemandes d’Azzevile et de Crisbecq-Saint-Marcouf.

Le 22e régiment à l’assaut des batteries de Crisbecq et d’Azeville

Située en surplomb à 3 km de la mer, la batterie de marine de Crisbecq, ses 4 canons de 210 mm et sa garnison de 400 hommes est la plus puissante de toute la Baie de Seine en dehors des forteresses du Havre et de Cherbourg. Fortement endommagée le 6 juin, elle demeure toujours dangereuse le 7 avec un de ses canons toujours intact dirigé sur la plage de Utah. Aussi, dans la matinée, les hommes du 22e régiment de la 4e division d’infanterie attaquent la position, avant de devoir refluer devant les pertes qui s’accumulent. L’attaque reprendra le 8 accompagnée cette fois-ci d’un important appui d’artillerie mais sans succès à la clé, puis le 9 juin avant que les Américains, voulant épargner leurs effectifs, ne délaissent la position pour remonter en direction de Quinéville et Montebourg. La batterie de Crisbecq tombe définitivement le 12 juin 1944, évacuée la veille dans la nuit par les Allemands.

Le 22e régiment d’infanterie se lance également à l’assaut de la batterie d’Azeville, de ses 4 pièces de 105 mm et de sa garnison de 170 soldats. Le 2e bataillon est aussitôt repoussé par une contre-attaque allemande sur sa ligne de départ. La garnison du capitaine Treiber finira par se rendre le 9 juin 1944 devant une attaque au lance-flammes et une intense préparation d’artillerie de marine.

Les combats du Pont de la Fière

Pour les parachutistes de la 82e Airborne les combats du Pont de la Fière commencés dès le 6 juin redoublent d’intensité à partir du 7. Ils dureront jusqu’au 9 juin. Il s’agit à la fois de tenir le pont de la Fière et la chaussée surélevée qui traverse la vallée inondée du Merderet, empêcher l’ennemi de marcher vers Sainte-Mère-Eglise et tenter de prendre pied sur l’autre rive pour faire la jonction avec les régiments aéroportés largués plus à l’Ouest et isolés au milieu des lignes ennemies. Le 7 juin les Allemands réitèrent leurs assauts après une forte préparation d’artillerie. Mais le 1er bataillon du 505e régiment résiste et tient le pont. Les combats font rage durant deux jours.

La bataille de la Fière sera définitivement gagnée le 9 juin, lorsque sous l’impulsion du général Gavin, le second de la 82e Airborne, les combattants du 507e régiment et du 325e régiment d’infanterie aéroportée reprendront aux Allemands le village de Cauquigny, le point de sortie de la chaussée de la Fière, au prix de lourdes pertes et ce dans les deux camps.

Les secteurs britanniques – Gold Beach

Sécuriser et étendre la tête de pont

Après avoir effectué la jonction sur leur flanc gauche avec les Canadiens débarqués sur Juno, les troupes britanniques poursuivent leur pénétration vers le Sud. Sur la côte, Port-en-Bessin toujours aux mains des Allemands doit rapidement être libéré pour que le petit port, comme Grandcamp, Isigny ou Courseulles joue avant l’entrée en services des deux ports artificiels, un rôle dans le déploiement de la logistique alliée. Les hommes du 47e Royal Marines Commando repartent à l’assaut aux premières heures de la matinée pour libérer définitivement le lendemain le port de pêche et capturer près de 300 prisonniers. Toujours le long de la côte, gravement endommagée par les tirs de l’artillerie de marine alliée au cours du 6 juin, la batterie allemande de Longues-sur-mer, tenue encore par 184 soldats allemands, se rend sans combattre aux troupes britanniques venues par les terres.

Avec la prise de Bayeux, le long de la route nationale 13, effective le 7 juin, les Britanniques contrôle enfin un axe de communication stratégique leur permettant d’harmoniser leur système défensif entre Caen et le Cotentin.

Bayeux, première ville de France libérée sur le continent

Les Britanniques investissent Bayeux sans combattre dans la matinée du 7 juin. Depuis la veille, des unités des 56e et 151e brigades stationnent aux portes de la ville après avoir débarqué sur Gold Beach. Les faubourgs de la ville ont même été investis par le 2e Gloucester Regiment à Saint-Vigor. Au matin du 7, ce sont les soldats de la 56e brigade de la 50e division britannique, ceux du 2e Essex Regiment , qui entrent les premiers dans la ville avant d’essuyer quelques escarmouches de courte durée devant la Poste sous les applaudissements d’une foule de spectateurs venus en curieux. En milieu d’après-midi, Bayeux peut célébrer enfin sa libération. Totalement évacuée par les Allemands, qui ont préféré concentrer leurs efforts à la défense de Caen, épargnée par les bombardements alliés, Bayeux, sous-préfecture du Calvados, devient ainsi la première ville de France libérée… sur le continent.

Le port artificiel d’Arromanches

Préfabriqués en Angleterre et amenés sur place après avoir été remorqués à travers la Manche, les premiers caissons Phoenix sont positionnés puis coulés au large d’Arromanches en milieu de journée pour former l’ossature d’un second port artificiel après celui de Saint-Laurent-sur-mer. C’est le début de la construction du Mulberry B, également dénommé « Port Winston » en l’honneur du Premier ministre anglais Winston Churchill qui en a eu l’idée. 17 navires sont également coulés au large pour former un brise-lames de blockships en complément des 115 caissons de béton. Si le Mulberry A de Saint-Laurent est affecté aux troupes américaines, le Mulberry d’Arromanches est réservé aux seuls Britanniques. Cette répartition fonctionnelle sera respectée jusqu’à la tempête dévastatrice qui sévit du 19 juin au 22 juin et qui détruisit totalement le port américain, faisant d’Arromanches l’unique port artificiel des Alliés durant toute la bataille de Normandie.

La BBC en Normandie

À la liaison des secteurs Gold Beach et Juno Beach, le village de Creully a été libéré le 6 juin par les chars du 4/7e Royal Dragoon Gards. Le lendemain, les opérateurs de la BBC (British Broadcasting Corporation) installent dans la tour carrée de son château médiéval – déjà occupé dès 1417 par les Anglais lors du siège de Caen pendant la Guerre de Cent Ans – un studio radiophonique ouvert à tous les correspondants de guerre couvrant la bataille de Normandie. La première émission sera radiodiffusée en direct sur les ondes de la radio anglaise le 19 juin 1944. Depuis la petite salle voutée de cette tour carrée à quelques kilomètres de la ligne de front, les correspondants de guerre américains, canadiens et français de la BBC s’adresseront aussi bien à leurs auditoires du Home Service et du Programme destiné aux forces armées, qu’à des auditoires plus lointains en Afrique ou encore dans le Pacifique.

Le débarquement des Ecossais

Si les premiers éléments avancés de la division ont débarqué la veille au soir sur Gold Beach le gros de la 51e division d’infanterie Highland débarque le 7 dès 8h00. Division territoriale formée en 1939, la 51st Highland Division a été en majeure partie capturée en France en mai 1940. Une fois reconstituée, elle a participé aux campagnes d’Afrique du Nord dès juin 1942 et de Sicile en juillet 1943. Très expérimentés, ses hommes ont été rapatriés en Grande-Bretagne à partir de novembre 1943 pour se préparer à l’opération Overlord. Sitôt débarqués les Ecossais sont directement envoyés à l’est de l’Orne pour soutenir les parachutistes britanniques de la 6e Airborne et renforcer ainsi la tête de pont fragile Les premiers contact avec l’ennemi sont établis à la station radar allemande de Douvres-la-Délivrande. La division écossaise sera engagée à partir du 9 juin dans le bois de Bavent à l’est de l’Orne.

Sword Beach

Les objectifs britanniques

Pour les deux brigades de commandos débarqués sur Sword Beach, l’objectif est double : consolider la tête de pont aéroportée sur la rive droite de l’Orne au côté de la 6e Airborne face aux attaques menées par la 21e Panzer et libérer de manière définitive les localités en bord de mer où les Allemands résistent encore au sein de leur différents points d’appui, à Lion-sur-mer, Luc-sur-mer et Langrune-sur-mer. De leur coté, les brigades d’infanterie de la 3e division britannique du général Rennie qui ont conquis les plages sans réussir à consolider la tête de pont doivent se relancer vers Caen. Pour cela il faudra que les troupes du général Rennie brisent les lignes de résistance allemandes solidement ancrées à hauteur de la Cambes, Lébisey et Blainville.

Les commandos à l’assaut de Bréville et de Merville

Le Commando n°3 (1re brigade de service spécial) se dirige le long de la route  Sallenelles/Ranville et occupe le secteur au sud-ouest d’Amfreville afin d’empêcher toute infiltration de l’ennemi. Du coté de Merville, il tente de terminer le travail entamé la veille par les parachutistes du 9e bataillon du colonel Otway, avant d’être repoussé par un groupe de combat du 736e régiment de grenadiers allemand qui s’est rendu maître de la position. Pendant que le n°4 Commando et les Français du Commando Kieffer consolident leur position sur les hauteurs d’Amfreville, le Commando n°6 (1re brigade spéciale) se distingue en réalisant la seule action offensive du jour : il parvient en effet à détruire 4 pièces d’artillerie et deux pièces de Flak devant le village de Bréville-les-Monts sans pour autant parvenir à s’emparer du village âprement défendu par les Allemands. Bréville continue ainsi de former un saillant menaçant directement Ranville au coeur du secteur des parachutistes.

Les Royal Marine Commandos

À l’issue de combats meurtriers, Lion-sur-Mer est libéré dans la soirée par le 41e Royal Marine Commando (4e Brigade de service spécial) débarqué à l’extrémité occidentale d’Hermanville après qu’il se soit emparé de la position fortifiée allemande codée « Trout » (deux canons antichars, mortiers, mitrailleuses) avec l’aide d’un appui naval.

Devant primitivement débarquer devant Houlgate ou Bénerville, le 46e Royal Marine Commando (4e brigade) du lieutenant-colonel Hardy débarque finalement à 6 h 00 du matin le 7 juin pour se rendre à Saint-Aubin et attaquer le point fort du Petit-enfer. La position fortifiée tombe à 18 h 00 et laisse 65 prisonniers de la 716e division allemande aux mains des commandos. Plus loin Luc-sur-mer est libéré par le 41e Royal Marine Commando peu avant 22h00 après avoir opéré la jonction avec le 46e RMC.

Le front de la 3e division britannique

Dans la matinée, la 3e division d’infanterie et sa 185e brigade qui s’élance vers Caen par le nord, se heurtent dans le bois de Lébisey à un important nid de résistance tenu par des éléments de la 21e Panzer. Cresserons tombe aux mains du 1er South Lancashire (8e brigade britannique) venu d’Hermanville-sur-mer, après le repli défensif des grenadiers de la 21e Panzer. Le village de Mathieu est attaqué par le Kings’s Own Scottish Borderers (9e brigade d’infanterie). À 17h00, le 2e bataillon des Royal Ulster Rifles (9e brigade) tente de s’emparer de Cambes-en-Plaine défendu par les grenadiers de la division SS. Les Britanniques n’iront pas plus loin vers le sud, stoppés par les hommes et les blindés de la 21e Panzer.

L’action des paras britanniques

Les 12e et 13e bataillons parachutistes occupent Ranville et le Bas-de-Ranville. Tandis que le 2e bataillon Ox and Bucks de la 6e Airborne britannique s’empare du village d’Hérouvillette, avant de buter sur Escoville, le 1er Royal Ulster Rifles (le bataillon irlandais de la 6e brigade aéroportée britannique) se lance vers midi à l’assaut du village de Sainte-Honorine-la-Chardonnette. Là aussi la résistance du 125e régiment de Panzer Grenadiers du major von Luck est solide. Les Irlandais se replient en laissant dans les lignes ennemies près de 60 combattants, dont vingt seulement rejoindront leurs lignes le lendemain. Les hommes du général Gale parviennent néanmoins à tenir la crête, verrouillant ainsi la plaine. Le bilan de cette journée reste plutôt à l’avantage des Allemands qui ont pu lancer leurs offensives vers Ranville et Longueval,  se regrouper à Sannerville et à Troarn, mais aussi à l’est de Caen, à Banneville-la-Campagne, Cuverville et Touffréville.

Le secteur canadien

La marche en avant de la 7e brigade

La 7e Brigade d’infanterie canadienne (Regina Rifles RegimentRoyal Winnipeg Rifles) repart à la conquête de ses objectifs du 6 juin au soir. Son axe de marche est dégagé de toute présence allemande. Dans la matinée, les villages de Secqueville, Putot-en-Bessin, Norrey-en-Bessin et Bretteville-l’Orgueilleuse sont alors conquis les uns après les autres. À ce moment-là, la brigade de Foster est certainement l’unité alliée la plus avancée dans les terres. À la fin de la journée, sa progression a atteint la ligne de chemin de fer Paris-Cherbourg et le Royal Winnipeg Rifles occupe Putot-en-Bessin.

Echec de la 9e brigade devant Authie, Buron et Saint-Contest

La 9e brigade canadienne a reçu comme objectif de marcher sur Buron, Authie, Franqueville et Carpiquet. Sa progression sera couverte par l’artillerie marine alliée. Vers 11h00, les North Nova Scotia Highlanders et les blindés du 27e régiment franchissent sans difficulté le fossé antichar de Buron au nord de Caen. Buron est traversé vers 11h50. Authie est atteint sans difficulté vers 12h30. Alors que Carpiquet est en vue, les tirs d’artillerie du 25e régiment de Panzergrenadiers (12e Panzer SS Hitlerjugend) s’abattent soudainement avec violence sur les Canadiens Ecossais. Les compagnies A et B des Nova Scotia sont décimées au cours de leur repli sur Buron. De son côté la compagnie C est anéantie dans Authie face aux grenadiers du 25e régiment. Le repli doit être ordonné sur Villons sous la protection des tirs de la Royal Navy. Les Allemands ont mis hors de combat 400 hommes, dont 110 tués et 21 chars canadiens. Authie, Buron et saint-Contest ne peuvent être conquis.

La libération de Saint-Aubin, Graye-sur-mer, Langrune-sur-Mer et Douvres-la Délivrande

Saint-Aubin-sur-Mer tombe aux mains des soldats du North Shore Regiment (8e brigade canadienne) après des combats les opposant aux Allemands du 736e régiment d’infanterie. Graye-sur-mer est conquis par les Royal Winnipeg Rifles (7e brigade canadienne) qui s’empare du dernier point de résistance dans la ville, un sanatorium à l’ouest du bourg farouchement défendu par une poignée d’artilleurs allemands. À 22h00, deux troops du 46e Royal Marine Commando venues du Petit-Enfer par Luc-sur-mer et de Saint-Aubin-sur-Mer pénètrent sans combats dans Douvres-la-Délivrande copieusement bombardée depuis la veille par l’artillerie de marine.

À Langrune-sur-Mer, les combats entrepris la veille par le 48e Royal Marine Commando pour s’emparer du point fort allemand redoublent d’intensité entre 11h30 et 15h30. Langrune est finalement libéré par les hommes du lieutenant-colonel Moulton. À la fin des combats, Moulton a perdu la moitié de ses effectifs débarqués la veille à l’est de Saint-Aubin.

6juin saint aubin su rmer + soldat posant à saint aubin 

Les forces allemandes

Kurt Meyer s’installe à l’abbaye d’Ardenne

Kurt Meyer, commandant du 25e régiment de la 12e SS, parvient, aux portes de Caen en investissant l’Abbaye d’Ardenne. Meyer y installe en effet son PC, les tours de l’abbaye offrant un magnifique panorama sur la plaine, vers la mer et sur les mouvements alliés. Il a reçu l’ordre de son supérieur, le général Fritz Witt, de rejeter les Anglais à la mer. Le 1er bataillon de son 25e régiment s’installe autour d’Epron, le 2e autour de Saint-Contest, tandis que le 3e bataillon se positionne en protection de la RN 13.

Meyer a 34 ans et un solide passé de combattant SS ayant participé aux campagnes de Pologne, de France, de Yougoslavie, et de Grèce avant d’intégrer au printemps 1943 la 12e SS Hitlerjugend.

En faisant ainsi mouvement vers Caen et en s’opposant rapidement aux Canadiens Kurt Meyer – qui prendra le commandement de la division le 14 juin – interdira pendant plus d’un mois l’accès de Caen aux Alliés.

Renforts en Normandie : le Führer donne son feu vert

Aux premières heures du jour, von Rundstedt reçoit l’autorisation du Haut commandement à Berlin, de déployer des renforts depuis la Bretagne et le sud de la Loire. Depuis son cantonnement de Thouars (Deux-Sèvres), la 17e division de grenadiers SS Goetz von Berlichingen se met en marche en direction de Saint-Lô, tandis que la 77e division d’infanterie du général Stegmann quitte Saint-Malo pour le front de Normandie. Le premier convoi ferroviaire composé par la 275e division allemande quitte le sud du Morbihan et rallie Rennes dans l’après-midi. Répartie dans 9 convois, la division ne peut progresser suite aux sabotages des voies ferrées. Les premiers convois parviennent à quitter Redon vers 19h00. De son côté, mise en route la veille depuis Chartres, la Panzer Lher essuie vers 5h30 sa première attaque en Normandie, près de Falaise, sur la route de Vire à Bény-Bocage. Les dégâts sont terribles pour une division pas encore engagée sur le front.

Réunion de crise au PC du général Richter

Dans les salles souterraines du PC du général Richter situé au nord de Caen, une nouvelle réunion est organisée entre généraux allemands pour mettre au point une contre-attaque devant Caen. Venu de son PC de La Roche-Guyon le maréchal Rommel assiste à la réunion. La division de Richter, la 716e division d’infanterie, a déjà perdu 3 000 hommes devant les plages de Gold, Juno et Sword tandis que le général Kraiss enregistre devant Omaha Beach près de 1 200 pertes dans les rangs de sa 352e division. Dans ces conditions, il paraît difficile aux stratèges allemands d’empêcher l’élargissement des têtes de ponts alliées.

Pourtant, ils mettent leurs espoirs dans un renfort de poids, la 12e Division SS qui s’est élancée la veille depuis la région de Bernay-Lisieux-Vimoutiers, et à qui l’ordre a été donné de rejeter les Britanniques à la mer au nord de Caen.
Le 7 juin la division du général Witt qui s’est positionnée devant Caen heurte de plein fouet la progression des Canadiens en leur infligeant de lourdes pertes. À défaut de contre-attaque d’envergure, le commandement allemand réussit ainsi à enrayer, et ce de manière durable, la marche en avant des Anglo-Canadiens vers la capitale bas-normande.

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