Les secteurs américains

Omaha Beach et Pointe de Hoc

Le nettoyage de la Pointe du Hoc

Depuis l’assaut du 6 juin les Rangers sont toujours isolés et privés de renforts sur la Pointe du Hoc. Le contact est établi par la colonne de secours bloquée la veille à Saint-Pierre-du-Mont (1er bataillon du 116e régiment d’infanterie) et la poignée de Rangers du colonel Rudder rescapés des combats. L’assaut final sur la Pointe est lancé en fin de matinée. À 12h00, la position est définitivement nettoyée après l’attaque lancée par  le 1er et 3e bataillons du 116e RI, et le 5e Rangers, appuyée au large par les tirs du destroyer Ellyson. Sur les 225 Rangers du 6 juin, seuls 90 sont encore valides. Pour l’heure les Allemands se sont repliés vers l’Ouest en direction de Grandcamp-les-Bains.

La libération de Grandcamp

À l’ouest de la Pointe du Hoc, Grandcamp attend toujours sa libération. Après s’être portés au secours de leurs camarades de la Pointe du Hoc, les fantassins du 116e régiment de la 29e division américaine se présentent devant Grandcamp en empruntant la route côtière. À leur côté ont pris place le 5e Rangers et le 743e bataillon de chars. Mais le village reste âprement défendu par la 352e division d’infanterie allemande. L’intervention de la marine américaine est alors demandée. Depuis le large, le cuirassé USS Texas et le croiseur HMS Glasgow pilonnent au cours de l’après-midi les positions allemandes autour de la petite cité portuaire. Pas moins de 113 obus tombent sur les points forts de l’ennemi. Entre 15 et 16 h00. En début de soirée, les combats pour la libération de Grandcamp sont menés par le 3e bataillon du 116e régiment d’infanterie et les chars du 743e bataillon. La résistance ennemie se termine à la nuit. Au soir du 8 juin, le général Bradley peut alors y installer son premier poste de commandement, tandis que débutent les premiers travaux de remise en état du port.

Dommages collatéraux pour le 175e régiment d’infanterie

Le 7 juin au soir le 175e régiment d’infanterie (29e division d’infanterie américaine) et les chars qui lui sont rattachés ont reçu comme mission la prise d’Isigny. À 2h00 du matin le 175e RI pénètrent dans Englesqueville avant de pousser au Sud pour atteindre la RN 13. La Cambe est atteint une heure plus tard mais les Américains ne peuvent avancer, leur tentative ayant été repoussée par des tirs antichars peu avant l’aube. Une nouvelle attaque permet la libération de la Cambe dans la matinée. Le 175e RI termine la journée endeuillé par un drame. Par une incroyable méprise, l’aviation alliée a en effet mitraillé par erreur la Cambe et la ligne de front du 175e régiment d’infanterie établie entre La Cambe et Cardonville. Au cours de ce mitraillage, 6 hommes sont tués et 18 autres grièvement blessés.

Les libérations de Tour-en-Bessin et de Formigny

Pour élargir leur tête de pont encore trop fragile (3 km de profondeur) les Américains se concentrent sur Formigny au carrefour de la N 13 et de la route menant à Saint-Laurent et Vierville-sur-Mer, contrôlant de la sorte la sortie d’Omaha vers Trévières. Stoppée le 7 juin à 800 m du carrefour par une forte résistante allemande, l’avancée du 3e Bataillon du 26e RI est alors relayée par l’entrée en action du 18e RI qui a déjà réussi à franchir la route nationale. Attaquant par le sud-est le 18e RI libère finalement le bourg le 8 juin à l’aube. À l’Ouest de Bayeux sur la RN 13, Tour-en-Bessin est encore aux mains des Allemands deux jours après le Débarquement. Le 26e régiment de la 1re division d’infanterie américaine doit s’en emparer après avoir franchi la nuit précédente la rivière l’Aure. Une patrouille du 2e bataillon pénètre peu avant midi dans le bourg que les Alliés avait soigneusement bombardé peu avant 9 h 00. Avec ces avancées sur le terrain et la libération de Tour-en-Bessin la jonction est établie entre les forces britanniques débarquées à Gold et les forces américaines d’Omaha.

Utah Beach

La libération de Saint-Côme-du-Mont

Depuis le 6 juin, les Allemands du 6e régiment parachutiste tiennent fermement le village. Depuis le clocher du village le commandant du régiment allemand, le colonel von der Heydte est parvenu en effet à repousser toutes les attaques des troupes parachutistes américaines. Quatre bataillons du 506e régiment de la 101e division attaquent Saint-Côme-du-Mont à 4h45 après un tir préparatoire. Le village est libéré par les hommes du colonel Sink dans l’après-midi après que les Allemands ont abandonné leurs positions.

Echecs sur le Merderet et à Crisbecq

Inondés par les Allemands dès l’hiver 1941-1942, les marais et le Merderet qui s’y perd constituent une ligne de défense naturelle pour les Allemands que les Américains doivent franchir avant de pousser vers Cherbourg. Deux tentatives sont effectuées le 8 juin. La première qui doit porter secours au 2e bataillon du 507e régiment isolé à l’est d’Amfreville se solde par un échec vers 23h00. La seconde qui a permis le franchissement de la voie ferrée au nord de la Fière se conclut par un repli du bataillon américain avant la nuit.

Nouvelle tentative sur la batterie de Crisbec-Saint-Marcouf

Depuis le 6 juin et en dépit de nombreuses attaques, les batteries de Crisbec-Saint-Marcouf sont toujours tenues par les Allemands. Vers 13h30, une nouvelle attaque est menée par des unités de la 4e division américaine accompagnée d’un fort tir de barrage d’artillerie. L’offensive est brisée une fois de plus par la résistance de la garnison allemande conjuguée aux tirs de la batterie allemande d’Azeville qui peut encore compter sur son seul canon de 105 mm encore intact.

Les secteurs britanniques

Sword

Nouvel échec devant Cambes-en-Plaine

Figurant parmi les objectifs de la 3e division d’infanterie britannique le 6 juin, Cambes-en-Plaine, au nord de Caen, est tenue par les Allemands de la 21e Panzer. Le 8 juin une nouvelle attaque est lancée par la 9e brigade (3e division britannique). Le village est investi avant d’être rapidement abandonné à l’ennemi devant l’arrivée du 25e régiment de la 12e Panzer SS récemment arrivé sur le font de Normandie. Cambes restera dans le no man’s land durant un mois jusqu’aux terribles bombardements alliés du 7 juillet 1944 qui écraseront le font entre Lébisey et Saint-Contest, prélude à la libération d’une partie de Caen.

Violents combats à l’est de l’Orne

Dans la matinée le 6e Commando britannique reçoit l’ordre de dégager Bréville – qui forme depuis le 6 juin un saillant menaçant Ranville – en s’appuyant sur les hommes du Commando Kieffer. Les combats dans Bréville en flamme sont d’une grande intensité jusque dans le cimetière du village. Non loin de Bréville, au Château Saint-Côme, les combats entre les parachutistes du lieutenant-colonel Otway et les Allemands sont tout aussi redoutables pour s’emparer de cette hauteur. Au Mesnil les duels gagnent en intensité et les Canadiens infligent de lourdes pertes dans les rangs de l’ennemi. Mais partout dans cette fragile tête de pont britannique, la résistance allemande reste forte face aux attaques des paras et des commandos qui, sans renforts depuis le 6 juin, s’épuisent à se maintenir sur leur ligne.

Philippe Kieffer quitte ses hommes

Blessé à deux reprises au cours du 6 juin – à la cuisse et au bras – le patron des commandos français, le commandant Philippe Kieffer, n’a jamais été correctement soigné. Menacé de gangrène et d’une possible amputation, Kieffer accepte la mort dans l’âme d’être évacué pour être soigné dans un hôpital anglais. Depuis le printemps 1942 il était à la tête des premiers volontaires français qui devaient constituer le 1er bataillon des Fusiliers marins commandos de la France Libre. Kieffer est aussitôt remplacé par son second, Alexandre Lofi, engagé dans la France Libre depuis l’été 1940 et fusilier marin de formation. Lofi assurera le commandement des commandos français dans le secteur d’Amfreville-Bréville-Bavent jusqu’au retour de Kieffer en Normandie le 16 juillet 1944.

Gold

Port-en-Bessin enfin libéré

Vers 4 h 00 du matin, après plusieurs heures de combat, les commandos britanniques du 47e Royal Marine Commando s’emparent de Port-en-Bessin. Débarqués le 6 juin à 2 km à l’est du Hamel, les Britanniques avaient dû stopper leur lente progression à la tombée de la nuit. Après avoir marqué une pause à la cote 72, le Commando reprit sa marche vers Port-en-Bessin atteint dans la soirée grâce à l’appui de l’artillerie de marine. Le 7 juin au soir, les Britanniques contrôlent les hauteurs occidentales du port. Déclenché au petit matin, un dernier assaut permet aux commandos la capture de près de 300 prisonniers allemands et la libération totale de Port-en-Bessin. Ce port avait toute son importance : il était en effet nécessaire pour assurer le ravitaillement des troupes de débarquement et ce, jusqu’à l’entrée en fonction des deux ports artificiels d’Arromanches et de Saint-Laurent. C’est de là également que les Alliés avait décidé de faire partir vers les terres leur système de pipeline Pluto (Pipeline Under The Ocean) dont la mise en service interviendra le 25 juin.

Montgomery s’installe en Normandie

Conseil Départemental de la Manche, A.D. 13Num0209

Commandant l’ensemble des forces terrestres (le 21e groupe d’armée), le général Montgomery arrive en Normandie et installe les roulottes de son PC tactique dans le parc du château de Creullet situé près de Creully. Il y reste jusqu’au 22 juin 1944. Durant cette période il y accueillera le général de Gaulle le 14 juin, mais avant cela le Premier ministre britannique Winston Churchill, puis le 16 juin le roi d’Angleterre Georges VI.

L’aérodrome de Bazenville

C’est à Bazenville, non loin d’Arromanches, que les Britanniques ont décidé d’installer un aérodrome de campagne, codé B2. Aménagée à partir du 8 juin, la piste est achevée dès le lendemain et aussitôt affectée au 127e escadron du 83e Group. C’est sur cet aérodrome, quelques jours plus tard que l’« as » français de la Royal Air Force, Pierre Clostermann, posera son Spitfire IX pour son grand retour en Normandie depuis le début de l’Occupation, faisant de lui le premier pilote français à se poser ce jour-là sur le territoire national.

Le secteur des Canadiens

Le massacre des prisonniers canadiens

Pour éviter l’encerclement des brigades canadiennes devant Putot-en-Bessin et Norrey-en-Bessin, des renforts sont dirigés sur Putot : le Canadian Scottish Regiment (7e brigade) est envoyé en renfort sur Putot soutenu par la 8e brigade blindée et le 1er Hussards. Lors de l’attaque 45 soldats canadiens sont capturés à Putot-en-Bessin. Ils seront exécutés par des soldats de la 12e SS quelques heures plus tard dans les environs d’Audrieu. Les 7 et 8 juin une vingtaine de soldats canadiens du North Nova Scottia Highlander et du Sherbrooke Fusiliers sont fait prisonniers lors de l’attaque vers Carpiquet. Ils seront abattus et ensevelis à la hâte dans les jardins de l’Abbaye d’Ardenne près de Caen par les SS du 25e Panzergrenadiers de Kurt Meyer.

L’aérodrome B 3 de Sainte-Croix-sur-Mer

Libéré le 6 juin par les chars canadiens du 6e Régiment blindé, le village de Sainte-Croix-sur-mer, est choisi par les Canadiens pour y installer un aérodrome de campagne, le terrain le B3. Deux pistes parallèles de 1200 m – une recouverte de grillages, l’autre en terre – sont ainsi aménagées pour accueillir les avions de la Royal Canadian Air Force. Le 10 juin, les Spitfire du 441 Squadron de la RCAF seront les premiers à se poser sur la piste. Le village de Sainte-Croix abrite également le Quartier Général tactique du 21e Groupe d’Armées du général Montgomery à partir du 8 juin.

La résistance de la station radar de Douvres-La-Délivrande

Sur la route de Courseulles à Caen, à 1 200 m à l’ouest de Douvres, deux postes de défense avaient été aménagés par les Allemands : une usine radar enterrée de deux étages et un blockhaus avec central téléphonique formant la station radar de Basly-Douvres-la-Délivrande. Encore aux mains des Allemands le 8 juin, ce point d’appui relevant de l’armée de l’air et défendu par 230 aviateurs est renforcée à l’issue d’une contre-attaque de l’infanterie allemande menée entre les 3e divisions canadiennes et britanniques qui n’ont toujours pas fait leur jonction. Menaçant la tête de pont Juno avec ses trois pièces antichars, ses trois canons de 50 mm et une douzaine de lance flammes, le radar de Douvres, commandé par le lieutenant Igle, restera jusqu’à sa chute le 17 juin, une sérieuse épine enfoncée dans le flanc des anglo-canadiens.

Les Forces allemandes

Les renforts allemands montent au front

À l’aube, le bataillon de reconnaissance de la 17e Division SS du général Ostendorff parvient à Balleroy, à la lisière de la forêt de Cerisy. À 11 h 00 la 3e division parachutiste du général Schimpf se met en route vers le nord-est de Saint-Lô. Elle mettra 10 jours pour rejoindre la forêt de Cerisy.

La 353e division d’infanterie du général Mahlmann (14 132 hommes) se met en route depuis la Bretagne, retardée par des attaques de la Résistance. Elle mettra 11 jours pour se mettre en place en Normandie.

Partie de la région du Mans en fin de journée le 6 juin, la Panzer Lher du général Bayerlein, sérieusement étrillée durant sa progression vers le front normand, arrive sur ses positions à l’ouest de la 12e SS Panzer. Devant Tilly-sur-Seulles elle se prépare à une attaque pour reprendre la cote 103 au nord de Tilly. Face à elle, les Sherwood Rangers et le 6e Durham Light Infantry. En milieu d’après-midi, Sepp Dietrich (1er Corps SS) lui ordonne de lancer une contre-attaque vers Bayeux. Les chars allemands se portent alors à 5 km de la capitale du Bessin avant d’être stoppés par les Britanniques.

Mémorial de Caen

Pendant ce temps-là, la 2e division de Panzers SS Das Reich s’est élancée de la région de Montauban en direction de la Normandie. Elle mettra 17 jours à atteindre le front de Normandie.

Les contre-attaques allemandes

Fortement étrillés lors du 6 juin, les unités allemandes se sont reconstituées pour reprendre l’avantage, avec cet objectif ultime : rejeter les Alliés à la mer. À la tombée de la nuit, un groupement tactique aux ordres de Meyer-Wunsche (1 compagnie de chars, 1 compagnie de grenadiers) lance une attaque sur Rots, Norrey puis Bretteville-l’Orgueilleuse défendue par le Regina Rifles Regiment. Devant le nombre important de pertes et l’efficacité de la défense antichar canadienne, le repli allemand est ordonné vers 4 h 30 du matin. Une contre-attaque est également lancée dans le secteur de Putot-en-Bessin en milieu d’après-midi : trois compagnies canadiennes du Royal Winnipeg Rifles (7e brigade d’infanterie) sont décimées par le 25e régiment de la 12e Panzer SS. La voie ferrée est de nouveau tenue par les grenadiers SS.

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